forçat

forçat

forçat [ fɔrsa ] n. m.
• 1528; it. forzato, de forzare « forcer »
1Anciennt Criminel condamné à ramer sur les galères de l'État ( galérien) ou à travailler dans un bagne ( bagnard). « ces misérables forçats qui, dans leurs prisons flottantes, gémissent sous le travail de la rame » (Fléchier). « Un ancien forçat libéré, nommé Jean Valjean » (Hugo).
2Condamné aux travaux forcés. Loc. Travailler comme un forçat, très dur, excessivement. Un travail de forçat, très pénible, inhumain.
3Fig. Homme réduit à une condition très pénible. Les forçats du travail, de la faim. Les forçats de la route : les coureurs cyclistes.

forçat nom masculin (italien forzato, de forzare, forcer) Autrefois, homme condamné aux galères ou aux travaux forcés du bagne. Homme réduit à une condition très pénible. ● forçat (citations) nom masculin (italien forzato, de forzare, forcer) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Les lois font les bagnes, les mœurs font les lupanars. La lumière crée le peuple, la nuit enfante la plèbe. La veste rouge du forçat est taillée dans la robe rouge du juge. Quatrevingt-Treize, Reliquat Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 Libéré. Il est remarquable que le même mot s'emploie pour les soldats et pour les forçats. Passe-temps Mercure de Franceforçat (expressions) nom masculin (italien forzato, de forzare, forcer) Travailler comme un forçat, très durement.

forçat
n. m.
d1./d Condamné aux galères ou aux travaux forcés.
Fig. Un travail de forçat, très pénible.
d2./d Fig. Homme qui a une vie particulièrement pénible.

⇒FORÇAT, subst. masc.
A.— Criminel condamné aux travaux forcés dans un bagne (ou, autrefois, aux galères). La même horreur qui reste au forçat contre les fers durs et glacés rivés sur ses membres (LAMART., Destinées poés., 1834, p. 380). Ce lugubre rire du forçat qui est comme un écho du rire du démon (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 117). Un forçat assassin s'était évadé et rôdait parmi nous. Les gens riches, en conséquence, ne sortaient pas la nuit (CAMUS, Possédés, 1959, 2e part., 5e tabl., p. 995).
Travailler comme un forçat, faire un métier de forçat. Au fig. Travailler durement, jusqu'à épuisement. Après avoir travaillé nuit et jour, comme un forçat (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 5) :
1. ... C'est la circulation qui faut entretenir, et des massages, et tout... Un métier de forçat! Notez que j'ai des rhumatismes depuis le Maroc. Il y a des jours que je crie comme un gosse, en le maniant [le malade]. Il est si lourd!
BERNANOS, Imposture, 1927, p. 439.
Vie, existence de forçat. Au fig. Conditions de vie très pénibles :
2. ... et alors le pauvre artiste reprocha pour la première fois à sa bienfaitrice de l'avoir arraché à la mort, pour lui faire une vie de forçat pire que le néant, où du moins on se reposait, dit-il. Et il parla de fuir.
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 66.
B.— Au fig. Personne dont l'existence se passe à travailler durement et qui est dans un dénuement total :
3. Nous le noir genre humain farouche, nous la plèbe,
Nous, les forçats du sol, les captifs de la glèbe,
Nous qui, de lassitude expirants, n'avons droit
Qu'à la faim, à la soif, à l'indigence, au froid,
Qui, tués de travail, agonisons pour vivre...
HUGO, Légende, 1883, p. 299.
Personne qui travaille beaucoup (souvent avec l'idée d'un travail répétitif). M. Desgoffes, le forçat de la nature morte (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 83). Je ne conçois pas qu'il renonce à vivre pour produire, qu'il devienne le forçat de son œuvre (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 38).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1528 (La Grande bataille et victoire du seigneur Conte Philippin Doria contre l'armée du roy d'Espaigne ds V.-L. BOURRILLY, Le Journal d'un bourgeois de Paris, Paris, 1910, p. 298 d'apr. J. FENNIS, La Stolonomie, Amsterdam, 1978, p. 347). Empr. à l'ital. forzato « galérien », attesté dep. le XVIe s. (Guicciardini ds BATT.), part. passé subst. de forzare (forcer) pris au sens partic. de « condamner » attesté dep. le XVIe s. (Pasqualigo ibid.). Le mot ital. a aussi été adapté sous la forme forcé au XVIe s. (1534, RABELAIS, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, p. 214); cf. aussi forsaire « forçat », attesté au XVIe s. (dès 1521) et empr. à l'ital. forzaro « id. », prob. d'orig. vénitienne (v. J. FENNIS, op. cit., pp. 346-347). Fréq. abs. littér. :617. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 205, b) 1 825; XXe s. : a) 487, b) 323. Bbg. HOPE 1971, p. 195. — LEW. 1960, p. 112. — ROMMEL 1954, p. 56, 61. — VIDOS 1939, p. 26, 398, 609.

forçat [fɔʀsa] n. m.
ÉTYM. 1528; ital. forzato « galérien », de forzare « forcer, condamner ».
1 Anciennt. Criminel condamné à ramer sur les galères de l'État ( Galérien) ou à travailler dans un bagne ( Bagnard). || Chaîne (cit. 5), boulet, manille, costume de forçat. || Le ferrement des forçats. || Travail du forçat ( Fatigue, cit. 14). || Argousin, comite qui surveillait les forçats ( Chiourme). || Jean Valjean (héros des Misérables de V. Hugo), forçat au bagne de Toulon (→ Évader, cit. 3). || Forçat autorisé à travailler hors du lieu de détention. vx Assigner (p. p.). || Forçat libéré, ancien forçat.
1 Assiste-t-elle dans un de nos ports ces misérables forçats qui, dans leurs prisons flottantes, gémissent sous le travail de la rame et sous l'inhumanité d'un comite ?
Fléchier, Oraison funèbre de la duchesse d'Aiguillon.
2 On introduisit Chenildieu, forçat à vie, comme l'indiquaient sa casaque rouge et son bonnet vert.
Hugo, les Misérables, I, VII, X.
3 Les forçats étaient assis de côté (…) adossés les uns aux autres, séparés par la chaîne commune, qui se développait dans la longueur du chariot, et sur l'extrémité de laquelle un argousin debout, fusil chargé, tenait le pied. On entendait bruire leurs fers (…)
Hugo, le Dernier Jour d'un condamné, XIV (→ aussi Bagne, cit. 1).
3.1 — Il était une fois un pauvre homme. On l'envoya, très-loin, très-loin, de l'autre côté de la mer… Sur le bateau qui l'emportait, il y avait quatre cents forçats avec lesquels on le jeta. Il dut vivre cinq semaines au milieu de ces bandits, vêtu comme eux de toile à voile, mangeant à leur gamelle. De gros poux le dévoraient, des sueurs terribles le laissaient sans force.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 130 (1875).
(XVIIe). Chrétien captif des Turcs, ou Turc captif des Chrétiens et condamné à ramer sur des galères.
4 Le sort, sans respecter ni son sang, ni sa gloire (…)
Le fit être forçat aussitôt qu'il fut pris.
La Fontaine, Contes, « Les filles de Minée ».
2 Mod. Condamné aux travaux forcés (qu'il soit transporté dans un bagne hors de la métropole, ou, depuis 1938, détenu dans les prisons de la métropole, dites maisons de force). Travail (travaux forcés); → Force, cit. 47.
5 (…) les forçats, comme les réclusionnaires, sont internés dans une maison centrale de force et soumis, pendant la plus grande partie de leur peine, à un régime identique à celui de la réclusion; isolement pendant la nuit, travail en commun le jour.
Dalloz, Nouveau répertoire de droit, art. Peine, section 3, no 172.
6 Le vêtement des forçats est rayé rose et blanc. Si, commandé par mon cœur l'univers où je me complais, je l'élus, ai-je le pouvoir au moins d'y découvrir les nombreux sens que je veux : il existe donc un étroit rapport entre les fleurs et les bagnards. La fragilité, la délicatesse des premières sont de même nature que la brutale insensibilité des autres. Que j'aie à représenter un forçat — ou un criminel — je le parerai de tant de fleurs que lui-même disparaissant sous elles en deviendra une autre, géante, nouvelle.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 9.
Loc. (1865). Travailler comme un forçat : travailler très dur, excessivement.Un travail, une vie de forçat, très pénible.
3 Fig. Homme réduit à une condition très pénible. || « Notre société de forçats intellectuels » (→ Galérien, cit. 4, Bloy). || Les forçats du travail.
7 Debout, les damnés de la terre,
Debout, les forçats de la faim (…)
Eugène Pottier, l'Internationale, 1871.
Les forçats de la route : les coureurs cyclistes.
HOM. Formes du v. forcer.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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